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Synopsis :

Moi, c’est Sam. Vous vous demandez qui peut bien se cacher derrière ce prénom ? Eh bien, une jeune femme. Enfin, je dirais plutôt une aventurière des grands et petits chemins. Une baroudeuse dans l’âme. Une mordue d’adrénaline et des rencontres humaines. 

Je suis une exploratrice de l’ère moderne en quête d’expériences authentiques et inédites. Je cherche la chaleur dans le sourire des habitants et l’émerveillement face aux paysages flamboyants de majestuosité. Je désire ardemment toucher l’extraordinaire à chaque coin de rue. Je veux sentir une métamorphose à chaque étape de mon itinéraire. Car oui, le voyage est quelque chose qui nous bouleverse et nous renverse, qui nous subjugue, qui nous transcende. Grande voyageuse, je parcours les mondes et les univers, les ambiances et les atmosphères. 

Découvrez donc le Pérou avec moi, à travers mes récits peuplés d’exploits et de galères, de moments forts en émotion et d’escapades au sein d’une nature absolue. Je vous emmène avec moi au cœur des Andes et de ses légendes !

Chapitre 4 : Sur les traces des lignes de Nazca

Le bus roulait depuis plusieurs heures déjà, et le paysage restait sensiblement le même derrière la vitre. Nous nous étions mis en route à l’aube, lorsque l’air était encore chargé de l’humidité nocturne. Depuis, le ciel nous dardait de sa langue brûlante, l’asphalte sous nos pieds n’étant que fournaise. Dans cet endroit désertique, comme oublié des dieux, nous traversâmes cependant bientôt la queue du fameux lézard dessiné par la civilisation pré-inca Nazca, pourfendu par la route sudaméricaine bien avant que les découvertes archéologiques significatives de Maria Reiche ne les fassent connaître aux yeux du monde.

Le chauffeur nous avertis que nous touchons enfin au but de notre voyage. Je range le bouquin que je ne m’étais finalement pas résolu à ouvrir et presse doucement l’épaule de mon voisin. Rencontré la veille près de la piscine d’un hôtel à Paracas, Ángel m’avait secouru tandis que je cherchais désespérément une solution pour régler ma note, ayant négligemment oublié mon portefeuille. Il s’était gentiment présenté en me voyant paniquer, les liens unissant les voyageurs d’un même pays appelant à l’entraide dans ce genre de situations. Ángel et moi avions alors engagé la conversation, racontant nos anecdotes de voyage et nos horripilantes galères, ses yeux légèrement en amande m’intriguant quelque peu.

Ayant tous deux décidés de poursuivre notre itinéraire en direction de Nasca, nous nous étions donc donné rendez-vous à la station de bus le lendemain, alors que le soleil irradiait à peine l’horizon. J’apprenais alors qu’il avait été adopté en France et qu’il effectuait ce « retour aux sources » comme il semblait aimer l’appeler, afin de découvrir ses origines au Pérou.

J’accentue la pression de ma main sur son épaule pour le réveiller. Ángel finit par se frotter le visage, sortant de sa torpeur. Nos sacs à dos respectifs étaient fins prêts lorsque le bus se gara, soulevant un nuage de poussière autour de lui.

Ángel sort son téléphone afin de nous guider jusqu’à l’hôtel qu’il avait repéré sur Internet. Petit break le temps de nous débarrasser de nos backpacks et d’asperger nos visages d’une eau fraîche bienfaitrice, nous revoici de nouveau à l’air libre, à la recherche d’un taxi pour nous rendre à la nécropole de Chauchilla.

Nous sautons enfin dans une voiture au cuir brûlant, nous lançant confiants dans cette nouvelle aventure. Le paysage derrière la vitre laissa peu à peu place à des étendues de sable où la chaleur venait onduler gracieusement au-dessous. Le taxi se gare après plusieurs minutes de piste sablonneuse, et nous laisse aux bons soins du gardien du site. Sentinelle surveillant les précieux vestiges, ce dernier nous indique le chemin à emprunter et nous souhaite une bonne visite.

Nos pieds s’élancent alors sur la mer de sable, suivant les contours d’un sentier de galets polis par le vent. Nous approchons silencieusement d’une première ouverture dans le sol, dont le contenu est protégé par un toit en bois, seul rempart contre le soleil à ces hauteurs. Nos yeux se posent dès lors sur des silhouettes enrubannées de toges pourpres et couleur terre de sienne, squelettes aux os blanchis dont subsistent encore quelques nattes brunes sur le sommet des crânes. Assis, comme attendant le visiteur impromptu, ces personnages issus d’un autre temps semble vouloir nous transmettre quelques secrets ancestraux, révélant notamment leurs riches parures et atours cérémoniels à nos yeux émerveillés.

Nous poursuivons notre route, cherchant dans la posture de ses sculptures humaines des indices sur l’identité de ce peuple ayant survécu dans un milieu aussi inhospitalier, guettant dans leur expression figée une quelconque requête d’outre-tombe.

Le ciel a perdu un peu de sa chaleur depuis que nous avons quitté le centre-ville. Après une courte halte pour admirer le paysage presque lunaire autour de nous, nous reprenons la route pour rejoindre Nasca avant que ne tombe le voile crépusculaire. Notre matinée ayant été occupée par le trajet en bus, il nous était impossible de réaliser le survol des célèbres lignes de Nasca, car ces visites aériennes n’étaient possibles que tôt le matin, « à la fraîche ».

Il nous tardait donc de rentrer à notre hôtel pour nous décrasser un peu de notre journée, puis de dénicher un restaurant local pour nous repaître d’un copieux repas avant une bonne nuit de sommeil. La soirée fut donc douce, agrémentée de quelques pisco sour bien frais et d’un succulent lomo saltado.

Le lendemain, le réveil fut matinal suivi d’un petit-déjeuner délicieux à l’hôtel. Un véhicule de tourisme vint peu après nous récupérer, et c’est ainsi que nous étions enfin en voie pour décrocher notre précieux sésame : le survol des lignes de Nazca ! Notre excitation était alors à son comble.

Nous arrivâmes sur la zone de l’aérodrome, où la chaleur se faisait déjà ressentir. On nous installa dans un petit coucou à moteur, comme si nous marchions sur les traces d’Amelia Earhart, nous distribuant dans la foulée des sacs en cas de régurgitations spontanées. Apparemment, certains passagers se découvraient des estomacs fragiles pendant cette excursion céleste… Nous nous ceinturâmes dès lors fermement, trépignant d’impatience. La carlingue eut soudain un soubresaut et l’avion s’élança. Les rayons du soleil vinrent iriser le cockpit, nimbant l’intérieur de l’avion d’une couleur ocrée, presque dorée. Puis les roues quittèrent enfin le sol !

Nous voilà désormais en suspens dans les airs, les mains collées aux vitres, la bouche béante d’ébahissement. Les formes des géoglyphes se succèdent alors derrière nos doigts écarquillés : la queue enroulée du singe, la silhouette géométrique du colibri ou bien encore, la plus splendide de toutes, les majestueuses ailes d’un condor andin.

Nous avions rendez-vous avec l’immensité des hauts plateaux, et nous avions hâte de nous y perdre !  

À suivre…

Léa Van Cuyck

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